Le guide complet sur l’EBITDA

L’EBITDA mesure le niveau de rentabilité brute du cycle d’exploitation. Il s’agit, en d’autres termes, de calculer la rentabilité des capitaux investis dans une société, indépendamment de sa forme juridique et de son implantation.

L’EBITDA est l’acronyme américain de Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization. Son équivalent français est le BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) et se rapproche de l’excédent brut d’exploitation (EBE). L’acronyme BAIIA est toutefois peu utilisé dans le vocable financier en France. Venu d’outre-Atlantique, l’EBITDA est maintenant largement utilisé au niveau mondial pour déterminer la rentabilité des entreprises. Quels sont les apports de cet indicateur et pourquoi est-il utilisé par les professionnels de la finance ? Sa pertinence rencontre-t-elle des limites ?

EBIT Earnings before interests and taxes
EBITDA Earnings before interests, taxes, depreciation and amortization
BAIIA Bénéfice avant intérets, impôts et amortissements
EBE Excédent Brut d’Exploitation

Qu’est-ce que l’EBITDA ?

L’EBITDA mesure le niveau de rentabilité brute du cycle d’exploitation. Il s’agit, en d’autres termes, de calculer la rentabilité des capitaux investis dans une société, indépendamment de sa forme juridique et de son implantation. Le ratio peut aussi être calculé à titre prévisionnel dans le business plan d’une entreprise en phase de création. Pour ces raisons, il est très prisé par les professionnels de la finance.

L’EBITDA ne fait pas partie des 9 soldes intermédiaires de gestion pratiqués en France à partir du compte de résultat (marge commerciale, production de l’exercice, valeur ajoutée, excédent brut d’exploitation, etc.). L’EBITDA n’est pas non plus cité par les normes comptables internationales IFRS et IAS. 

Son usage s’est toutefois répandu à l’échelle internationale, car il permet d’harmoniser les comparaisons entre les entreprises. Dans une étude de RSM sur les entreprises du SBF120 publiée en février 2022, 61 % des entreprises communiquent sur l’EBITBA, principalement dans leur rapport de gestion (93 %).

En complément de l’EBITDA, il est crucial pour une entreprise de bien comprendre et gérer son besoin en fonds de roulement (BFR). Une bonne gestion de la trésorerie permet de s’assurer que l’entreprise dispose des liquidités nécessaires pour couvrir ses engagements à court terme. Ainsi, l’usage d’un outil de gestion de trésorerie devient indispensable pour anticiper les besoins de financement et optimiser la rentabilité.

ebitda definition

Comment calculer l’EBITDA et comment interpréter les résultats ?

L’EBITDA est calculé à partir des données du compte de résultat sur une période donnée, le plus souvent l’exercice social de l’entité. L’EBITDA est donc généralement mesuré à la clôture des exercices comptables

L’EBITDA permet de mesurer la rentabilité d’une entité sans prise en compte de sa structure financière (les dettes génèrent des intérêts), de sa politique d’investissement (les actifs font l’objet d’amortissements) et des impôts (en France, il s’agit de l’impôt sur les sociétés). Notons toutefois que les autres taxes, dont la taxe d’apprentissage, la cotisation sur la valeur ajoutée et la contribution économique territoriale sont prises en compte pour calculer l’EBITDA

Calcul de l’EBITDA

Il existe deux méthodes de calcul, l’une à partir du compte de résultat (méthode additive), l’autre à partir du chiffre d’affaires (méthode soustractive).

ebitda calcul

Exemple de calcul de l’EBITDA

Exemple de calcul de l’EBITDA à partir du résultat d’exploitation 

EBITDA = résultat net comptable + charges financières + impôts et taxes + dotations aux amortissements et provisions

Résultat net comptable 50 000 €
Charges financières 10 000 €
Impôts et taxes 15 000 €
Dotations aux amortissements et provisions 20 000 €
EBITDA 95 000 €

Exemple de calcul de l’EBITDA à partir du chiffre d’affaires

EBITDA = chiffre d’affaires hors taxes – achats et charges externes – charges de personnel – autres charges

Chiffre d’affaires hors taxes 500 000 €
Achats et charges externes 150 000 €
Charges de personnel 120 000 €
Autres charges 50 000 €
EBITDA 180 000 €

Interprétation de l’EBITDA

L’EBITDA peut être positif ou négatif :

  • S’il est positif, cela veut dire que le processus de production de l’entreprise lui permet de créer de la valeur.
  • S’il est négatif, cela signifie que le cycle d’exploitation de l’entité est déficitaire. Dans ce cas de figure, où le cycle d’exploitation ne génère pas suffisamment de valeur, la question de la pérennité de l’entreprise se pose. Le problème reste entier même si la société réalise de bonnes performances sur d’autres aspects de sa gestion comme la politique d’investissement et de financement. 

L’importance de comprendre l’EBITDA et de l’utiliser judicieusement dans l’analyse financière.

Comment l’EBITDA peut-il aider les professionnels de la finance à évaluer la performance d’une entreprise ?

Les professionnels de la finance d’entreprise sont nombreux. Ils peuvent travailler au sein d’une entreprise (responsable financier, comptable), pour le compte d’une autre entité (analyste financier, conseiller financier, banquier, trader, etc.) ou pour leur propre compte (investisseurs).

L’EBITDA mesure la qualité d’exploitation de l’entreprise et permet aux dirigeants de se situer dans leur secteur d’activité. Pour les acteurs externes, l’indicateur est notamment utilisé par les investisseurs pour comparer les entreprises et affiner leurs choix en matière d’acquisition. L’EBITDA assure en effet une meilleure comparabilité entre plusieurs entités et est un élément pris en compte dans la détermination de la valeur d’une entreprise.

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De plus, les taux d’imposition varient selon l’État ou la région économique considérée. De fait, des entreprises différentes peuvent réaliser le même chiffre d’affaires tout en générant des bénéfices différents. D’où l’intérêt du ratio qui est mesuré indépendamment des contraintes fiscales. 

L’EBITDA est également neutre d’éléments qui peuvent soulever des difficultés d’interprétation comme les amortissements et les dépréciations.   

Comment l’EBITDA peut-il aider les professionnels de la finance à prendre des décisions éclairées ?

L’indicateur est un instrument de gestion. L’EBITDA net des dépenses d’investissement permet de déterminer le niveau d’autofinancement. Si la différence est positive, cela signifie que l’entreprise est en mesure d’autofinancer ses dépenses d’investissement. Dans le cas inverse, elle doit recourir à des financements externes (prêteurs ou actionnaires). 

En outre, un EBITDA négatif signifie pour l’analyste financier que des corrections au niveau du cycle d’exploitation doivent être apportées. L’entreprise dispose de plusieurs leviers pour améliorer sa situation :

  • Accroître son chiffre d’affaires. Ceci peut être obtenu par une politique marketing plus efficace, l’introduction d’un nouveau produit ou service sur le marché, une augmentation des prix si sa situation concurrentielle le permet.
  • Diminuer ses coûts en accroissant sa productivité ou en réduisant les postes les plus coûteux.

Par ailleurs, l’EBITDA est utilisé par de nombreuses banques dans l’évaluation de la capacité de remboursement d’une société. Les banques utilisent ainsi le ratio dettes/EBITDA. Pour les entreprises en phase de création, il est possible d’utiliser l’EBITDA prévisionnel. Les institutions bancaires considèrent que le ratio est très bon s’il est inférieur à 2,5, acceptable s’il est inférieur à 3 et mauvais au-delà.

Comment l’EBITDA peut-il influencer les décisions de fusion, d’acquisition et de cession d’entreprises ?

L’EBITDA est un instrument de valorisation des entreprises. On parle alors du repère que constitue le multiple d’EBITDA (capitalisation boursière + dette financière nette de la trésorerie/EBITDA). Un multiple entre 8 et 10 pour une entreprise cotée est considéré comme satisfaisant, entre 4 et 6 pour une entreprise non cotée

De plus, le rapport EBITDA/chiffre d’affaires peut être comparé entre les entreprises d’un même secteur. Ce rapport permet de positionner l’entreprise sur son marché tout en permettant d’obtenir une première approche de sa valorisation. 

Ces indicateurs peuvent ainsi être utilisés (parmi d’autres) pour prendre une décision de cession ou d’acquisition en évaluant les performances et le prix de l’entreprise considérée. En cas de fusion, l’EBITDA permet d’anticiper la rentabilité de la future entité. 

Quelles sont les limites de l’EBITDA ?

Un indicateur facultatif et non normé

Les entreprises ne sont pas tenues d’utiliser l’EBITDA comme indicateur de performance (KPIs). À cet égard, l’étude de RSM précitée révèle que les entreprises du secteur de l’assurance et de la finance n’utilisent pas l’EBITDA dans leur communication. Ces entités représentent pourtant 9 % des entreprises du SBF120. 

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Par ailleurs, dans l’enquête de RSM, l’EBITDA apparaît comme un indicateur modulable et peut varier dans son mode de calcul d’une entreprise à une autre. Ainsi, les entreprises ne partent pas nécessairement du même niveau de résultat pour réaliser leur calcul. Par exemple, seuls 3 % des entreprises qui utilisent l’EBITDA partent du résultat net, d’autres partent du résultat opérationnel (29 %) ou du résultat opérationnel courant (14 %).

De plus, si les entreprises excluent bien les amortissements et l’impôt sur les bénéfices, 98 % d’entre elles excluent d’autres produits et charges. De plus, le calcul manque parfois de transparence : 26 % seulement des entreprises qui utilisent l’EBITDA le réconcilient sur la base des données accessibles en lecture directe sur leurs états primaires. 

Cette situation a poussé l’ESMA (Autorité européenne des marchés financiers) à formuler une recommandation pour l’exercice 2021. Pour elle, il est indispensable d’assurer la cohérence entre le contenu d’un indicateur et son libellé.

D’autres approches pour mesurer la performance financière

L’EBITDA reste partiel pour appréhender la performance financière d’une entreprise. Il ne prend pas en compte la contrainte fiscale, la politique d’investissement, la politique de financement ou la situation de la trésorerie

Par ailleurs, d’autres approches existent pour évaluer une entreprise, notamment dans le secteur des services et de la technologie. Pour certains experts, il est judicieux d’adopter une méthode holistique de la performance. Trois données sont alors essentielles :

  • La qualité des revenus récurrents. Il s’agit de distinguer les revenus récurrents des revenus obtenus sur des projets. Cela permet de mesurer la capacité de l’entité à générer de la croissance organique, même dans une économie peu dynamique. La croissance des entreprises est évaluée par le nombre de contrats signés. L’indicateur privilégié est ainsi l’ARR (acronyme anglais de revenu annuel récurrent). Cette approche est devenue courante dans les pays anglo-saxons.
  • Le modèle opérationnel. Il s’agit de s’intéresser à la qualité de la gestion de l’entreprise, l’amélioration de l’expérience client et sa capacité à enrichir son offre grâce à ses compétences techniques.
  • Le cadre juridique. Ce point s’intéresse à la structure de la propriété intellectuelle de l’entreprise et de ses contrats. C’est un facteur important pour générer un bon niveau d’ARR.  

Quelle différence entre l’EBITDA et l’EBIT ?

L’EBIT (Earnings Before Interest and Taxes) se traduit par BAII (bénéficie avant intérêts et impôts) en français. Trois méthodes sont utilisées pour calculer l’EBIT : à partir de l’EBITDA, du chiffre d’affaires hors taxes et du résultat net. On dispose ainsi des formules suivantes :

  • EBIT = EBITDA – dotations aux amortissements et provisions
  • EBIT = chiffre d’affaires hors taxes – charges d’exploitation – dotation aux amortissements et provisions
  • EBIT = résultat net + charges financières + impôts et taxes +/- produits et charges exceptionnels

L’intérêt de l’EBIT est que cet indicateur donne des informations sur les ressources générées par une société sur une année. L’EBIT peut dans certains cas être positif avec un résultat net négatif. Dans cette situation, l’entreprise est rentable malgré des charges financières importantes

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Tout comme l’EBITDA, l’EBIT permet de comparer les performances financières des entités appartenant au même secteur ainsi que leur valorisation. Dans la mesure où l’EBIT inclut les dotations aux amortissements et provisions, sa valeur sera toujours inférieure à celle de l’EBITDA. De plus, tout comme l’EBITDA, l’EBIT n’est pas normé et doit faire l’objet d’une vérification quant aux éléments pris en compte avant de comparer des entreprises. 

L’EBITDA garde généralement la faveur des investisseurs dans la comparaison d’entreprises. En effet, l’EBITDA paraît plus pertinent dans la mesure où il permet de rapprocher des données semblables. La politique d’amortissement peut en effet fausser l’estimation de la rentabilité et donner d’une entreprise une image faussement favorable.

Quelle différence entre l’EBE et l’EBITDA ?

L’excédent brut d’exploitation (EBE) peut se calculer de deux manières, à partir du chiffre d’affaires ou de la valeur ajoutée :

  • EBE = chiffre d’affaires – achats consommés – consommations en provenance de tiers + subventions d’exploitation – charges de personnel – impôts et taxes
  • EBE = valeur ajoutée + subventions d’exploitation – impôts et taxes – charges de personnel

Il existe trois différences de calcul entre l’EBE et l’EBITDA :

  • la participation des salariés est exclue de l’EBE et déduite de l’EBITDA ;
  • les produits et charges exceptionnels sont pris en compte par l’EBITDA, non par l’EBE ;
  • les provisions d’exploitation (dotations et reprises de provisions sur créances clients et stocks) sont prises en compte dans l’EBE, mais exclues de l’EBITDA. 

Pour passer de l’EBE à l’EBITDA, on réalisera le calcul suivant : EBITDA = EBE +/- produits et charges exceptionnelles – provisions d’exploitation.

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L’EBITDA est donc un indicateur qui permet de comparer la rentabilité des entreprises et de les positionner dans leur secteur d’activité. Centré sur le cycle d’exploitation, il mesure la capacité des entreprises à créer de la valeur à travers leur processus de production. Il s’agit également d’un indicateur de valorisation des entreprises et de leur capacité à s’endetter. Pour ces raisons, il est très utilisé par les professionnels de la finance. Quelques précautions doivent toutefois être prises dans son utilisation. Il s’agit d’un indicateur facultatif et non normé. L’analyste doit donc connaître tous les éléments pris en compte par les entreprises dans son calcul pour réaliser des comparaisons fiables. De plus, il existe d’autres indicateurs pour évaluer les performances d’une société.

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